Deux Vampires, un Gondolier et une furieuse envie de sang...

Arrête de m'appeler comme ça ! Tu es pire que moi...

Il mit un certain moment à réfléchir, ce qui me faisait en général enrager gentiment. Et ça l'amusait... Je n'aimais pas ses silences, parce qu'ils ne présageaient jamais rien de bon, et ce dans n'importe quelle situation. Ici, bien sûr, c'était plus un jeu qu'autre chose, mais parfois ce n'était pas vraiment pour jouer...

Oui, trop trop méchant.

Au geste cliché qu'il fit, je sus qu'il avait trouvé une idée et qu'il allait enfin me la dire. Mais ça ne me contenta pas tout à fait.

Un si petit morceau ? Tu n'es vraiment pas conciliant... Je t'ai juste pris ta barre de chocolat parce que je voulais que tu fasses attention à moi, et aussi parce que je voyais bien que tu n'avais pas l'intention de partager. Je ne mérite pas un tel châtiment...

Comble du comble, il me tirait la langue, signe de son sadisme absolu lorsqu'il s'agissait de chocolat. Dire que je partageais toujours avec lui, quelques soient les circonstances ! C'était trop injuste !

Oh! L'effort que je faisais pour partager mon gâteau ne sembla rien représenter elle. Il lui fallait plus et en plus elle remettait l'histoire de la barre de chocolat sur la table. Ce n'est pas en me rappellant - même si je m'en souvenais très bien - qu'elle m'avait privée de son goût délicieux, que j'allais me montrer généreux avec elle. Quelle vilaine voleuse de chocolat!

- Bon d'accord, je t'en donne trois centimètres supplémentaires mais pas une miette de plus! Contente?

Cette fois, je ne monterais pas plus haut. Les affaires de chocolat était les affaires de chocolat et elle avait beau être ma soeur, je n'allais pas être plus tendre avec elle pour ça.

A l'avant, les épaules de notre chauffeur du jour semblait rire mais aucun son ne sortait de ses lèvres. Essayait-il de ne pas se moquer de notre conversation fort intéressante sur ce produit sucré qui ne faisait pas partie des choses qu'il préférait dans les denrées humaines.

- Carlise ne te moque pas! C'est une histoire tout à fait sérieuse tu sais...

Trois centimètres seulement ? C'était tellement peu... Mais je me consolai en me disant que ce n'était qu'un petit gâteau et qu'il avait dit qu'on commanderait tout le chocolat qu'ils avaient, à l'hôtel ! Alors je pourrai manger autre chose pendant qu'il déguste son gâteau.

D'accord.

Avec tout ça, j'en avais oublié que nous n'étions pas seuls, et que Carlise entendait tous nos propos. Mais bon, il avait l'habitude ! Je me comportais toujours comme une gamine, comme le disait si bien Ludwig.

Mais dis-moi Ludwig... Est-ce que... Est-ce que je pourrai dormir dans ta chambre ?

Dormir était un grand mot, c'était uniquement si nous y parvenions. J'avais ma propre chambre, mais je ne voulais pas être séparée de lui.

Excellent, j'avais gagner notre petite bataille verbale et j'aurais donc la majorité du gâteau. C'était une victoire importante à épingler au mur mais hors de question de mettre la source de notre discussion sous verre pour m'en souvenir. Je comptais bien la manger avec le plus grand des plaisirs.

Sa question m'étonna. Je pensais que c'était clair qu'elle resterait dans ma chambre, maintenant qu'elle m'était revenue je ne comptais pas la lâchée de si tôt. Enroulant mes bras autours d'elle pour la tenir à nouveau contre moi, je pris la peine de lui répondre clairement mais toujours d'une manière aussi puérile.

Bien sûr que tu vas dormir dans ma chambre! Il va nous en falloir du temps pour déguster toutes nos petites commandes. Et puis, j'ai envie de rester avec toi le plus longtemps possible...

Comme première réponse de sa part, j'eus droit à ses bras me serrant contre lui. Pour être vraiment clair dans ses intentions, il me répondit même très clairement ensuite. C'était étonnant chez lui, mais je préférais nettement ça.

J'ai envie de rester avec toi, moi-aussi.

Au final, cette petite - énorme, plutôt - frayeur avait eu du bon, si je pouvais le dire ainsi. Nous nous étions enfin retrouvés, suite à notre mésaventure. Ca faisait un bien fou, de recommencer comme avant, de ne plus se prendre la tête pour un oui ou pour un non, d'être simplement avec lui, contre lui...

Nous arrivâmes enfin à Rome et Carlise se gara dans le parking sous-terrain de l'hôtel afin que nous n'ayons pas à entrer en contact avec la lumière du soleil. Il était tout de même aux alentours de onze heures et il était haut dans le ciel...

Lorsque je regardais dehors, je remarquais que nous étions déjà en ville. Je n'aurais imaginer que Rome était aussi près de l'endroit où nous nous trouvions. A moins que ce soit cette futile discussion qui avait fait passer le temps à la vitesse d'un éclair? Quoi qu'il en soit nous allions bientôt rentrer à l'hôtel où je pourrais enfin me changer. Je rêvais de passer des vêtements corrects et hors de prix juste pour sentir le contact agréable du tissu comme je le connaisais. Les horribles choses que nous portions n'étaient vraiment pas faites pour nous, en fait elles me rappellaient un peu l'état dans lequel nous nous trouvions avant notre transformation.

La voiture s'arrêta à un emplacement proche de la porte d'accès à l'hôtel et je sortis le premier, attendant tranquillement Esmée. Quand elle fut sortie, Carlise nous indiqua de lui suivre. Il nous accompagna jusqu'à l'accueil et demanda nos clés sous les regards intrigués de l'hôtesse. Je le compris en repensant au sang sècher que je devais avoir dans le coup et un peu partout sur le corps. Les traces de crocs d'Esmée avaient presque disparu mais pour un vampire pour elle, il était encore facile de les apercevoir.

Néanmoins, elle ne dit rien, déposa les clés de nos deux chambres sur le comptoire et s'intéressa à un autre client. La politique de la maison devait sûrement être de ne rien dire même si cela paraissait étrange et puis, à chaque séance que le Sénat tenait cet hôtel était choisit, ainsi que quelques autres, pour accueillir les étrangers donc les employés devaient avoir l'habitude.

Je m'emparais de nos clés et quittais Carlise qui prit la direction de sa propre chambre. Lorsqu'il eut disparu au coin du couloir, je glissais mes doigts dans la main d'Esmée, c'était bien mieux comme cela.

- On passe par ta chambre? Je suppose que tu as envie de prendre une bonne douche avant notre marathon de chocolat...

Sans attendre réellement sa réponse, je pris le chemin de l'étage où se trouvait nos chambres. Ce qui était pratique, c'est quelles n'étaient pas loin et qu'on passait par la sienne pour rejoindre la mienne. Après la traversée des longs couloirs, j'eu la désagréable suprise d'apercevoir un visage connu. Mais il était trop tard pour faire demi-tour, Wolfgang nous avait vu et il s'avançait à grand pas vers nous...

J'acquiesçai lorsque Ludwig me demanda si je voulais me rendre dans ma chambre pour prendre une bonne douche. En effet, j'en avais bien besoin ! Et de cette façon, je pourrai prendre des vêtements plus convenables et jeter ceux-ci au fond de la poubelle pour ne plus jamais les revoir ! Ils me rappelaient bien trop ce qu'il s'était passé plus avant, ainsi que ceux que je portais étant humaine, quelques jours avant ma transformation. Deux raisons donc de m'en débarrasser au plus vite !

Arrivés dans le couloir qui menait à ma chambre, Wolfgang fit son apparition. Enfin, c'était plutôt nous qui faisions la nôtre, puisqu'il semblait attendre depuis un bon moment déjà. Il nous aperçut et fut assez surpris de nous voir dans cet état. Il ne tarda pas à voir la trace des crocs que ce vampire italien avait planté dans ma chair, et fit peut-être un peu trop vite le rapprochement avec le sang qui maculait Ludwig...

Il s'approcha rapidement de nous et envoya une droite en pleine figure à mon frère, sans lui laisser le temps de réagir.

-Bon sang mais qu'est-ce que tu lui as fait ?!

Il me prit en même temps par le bras et s'interposa entre nous deux, prêt à frapper à nouveau.

-Fais un geste et tu es mort...

Celle-là, je ne l'avais pas vu venir! C'était moi qu'elle avait mordu et c'est mon pauvre visage déjà suffisement endoloris qui venait de se prendre une droite. Je ne tombais pas mais fut légèrement déstabilisé. Passant la main sur ma joue, je la massais quelques instants en me disant que ce n'était vraiment pas mon jour. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec Esmée?!

- Mais j'ai rien fait! Elle s'est faite agresser par un espèce de malade italien. Je suis innocent! Dis-lui Esmée?!

J'avais tourner les yeux vers elle pour lui demander de tout expliquer à Wolfgang mais elle était déjà cachée derrière lui. Il comptait bien me déchiquetter en morceau ce type. Après le barge italien, voilà le barge allemand qui allait s'y mettre...

- C'est Carlise qui nous a sauver la vie. Il allait la violer sans que je ne puisse rien faire à cause de son pouvoir. Wolfgang crois-tu vraiment que je pourrais blesser, Esmée?!

Avant que j'aie pu réagir, j'étais derrière Wolfgang, ne pouvait même plus voir Ludwig. Ce dernier lui cria alors qu'il était innocent, que c'était l'italien.

Il n'a rien fait Wolfgang, ce n'est pas lui ! dis-je pour défendre mon frère. Je repassai devant Wolfgang pour pouvoir le regarder dans les yeux. J'eus cependant un frisson lorsque Ludwig continua à se justifier, sans doute à cause des mots qu'il employait.

-Un italien ? Il a vraiment osé faire ça ? Où est cette ordure ???

Il est loin...

-Ca va, tu n'as rien d'autre ? Il ne t'a rien fait ?? me demanda-t-il alors en m'inspectant. Qu'est-ce que c'est que ces vêtements ? Ce ne sont pas ceux que tu portais en venant ici...

Je vais bien, Wolfgang. Carlise est arrivé à temps...

-Je vois... Il n'empêche que nous devons avoir une petite discussion. Et tous les trois ! Que faisiez-vous ? J'ai été obligé de vous couvrir au Sénat ! C'est la première fois qu'une telle situation se produit...

Fort heureusement, ma chère soeur décida de me défendre. Ouf, Wolfgang n'allait pas me casser la gueule aujourd'hui. Bien sûr, il était tout à fait possible que cela arrive une autre fois mais bon, j'allais éviter de trop y penser pour le moment.

Plus rassurer, je passais mon bras autours des épaules d'Esmée et l'accompagnais jusqu'à la porte en contournant Wolfgang. J'introduis la clé dans la serrure et déverouillait tranquillement la porte. Je me tournais ensuite vers l'autre vampire.

Je te suis infiniement reconnaisant de ce que tu as fait au Sénat mais je ne crois pas que cela soit le moment de discuter pour Esmée. Elle a besoin de se détendre et de penser à autre chose. Si tu le permet nous discuterons de cette affaire demain à tête reposée...

Je ne savais que répondre à Wolfgang sinon que je lui étais sincèrement reconnaissante et que j'étais désolée pour ce que nous avions causé. Ludwig me devança cependant après avoir ouvert la porte de ma chambre, un bras autour de mes épaules.
Wolfgang hésita en nous toisant, il aurait voulu en discuter tout de suite. C'était pour cette raison qu'il nous attendait, il avait entendu la voiture de Carlise. Mais en observant mon état, il finit par plier.

-D'accord, mais demain sans faute ! Et ne vous enfuyez plus, je ne saurais pas vous couvrir une seconde fois, encore moins en si peu de temps.

Il soupira avant de s'approcher de moi. Il prit mon visage entre ses mains et déposa un baiser sur mon front. Je lui souris, mais je ressentais une certaine amertume envers la situation. Comment lui annoncerais-je ma décision de retourner vivre avec Ludwig ? Je n'en savais encore rien...

-Repose-toi bien, alors. Nous nous reverrons demain.

A demain, Wolfgang...

Il s'éloigna et nous pénétrâmes dans ma chambre qui n'avait pas changé. Ma valise était toujours sur mon lit, comme je l'y avais laissée. Je voulus aller prendre une robe mais je me rendis compte que j'étais bien trop sale pour toucher mes vêtements sans risquer de les abîmer. J'avais du sang partout, moi aussi, ainsi que de la poussière.

Tu peux aussi aller prendre une douche dans ta chambre, je te rejoindrai après, si tu veux.

Ludwig était en effet lui aussi dans un sale état, et comme il ne pensait qu'à moi pour l'instant, il fallait bien que je pense à lui ! Même si à vrai dire, je me serais sentie plus rassurée de savoir qu'il m'attendait dans la pièce d'à côté...

Wolfgang abandonna l'idée de nous parler ce soir et c'est très vite qu'il nous quitta ce qui nous permis de rentrer dans la chambre d'Esmée. Je poussais un soupire de soulagement, j'avais vraiment eut peur de me faire chauffer les oreilles une nouvelle fois. Deux fois dans la même matinée, cela était vraiment très dur à encaisser.

Esmée me proposa ensuite de retourner dans ma propre chambre pour que je puisse moi aussi prendre une douche. C'est de toute façon ce que je voulais faire mais si c'était elle qui me le disait, c'était encore mieux.

- Tu as plutôt intérêt à me rejoindre... Je te préviens, si tu n'es pas là dans deux heures, je mangerais tout les gâteaux seuls. Et compte sur moi pour mettre ma menace à exécution.

Je me penchais vers elle et embrassais le bout de son nez, à la base c'était le front que je visais mais l'idée de poser mes lèvres au même endroit que celles de Wolfgang me dégoûtait.

- Profite bien de ta douche, tu ne sens pas la rose ma pauve soeur...

Je ris de ma petite boutade alors que je sortais de sa chambre, la laissant enfin seule. Elle devait sûrement avoir envie d'avoir un peu la paix après les derniers jours que nous avions passer en étant très entourer. Je fis quelques mètres avant de pénétrer dans ma pièce et filais directement sous la douche. Mes vêtements méritaient bien d'être brûlés et c'est ce que j'aurais fait si j'avais été à la maison. Bah un peu plus tard quand on sortirait de l'hôtel...

Ne t'en fais pas, je ne te laisserai pas tout manger !

Après un baiser sur le bout du nez, il me précisa que mon odeur n'était pas celle d'une rose. Ca, je m'en serais doutée ! Nous étions tous les deux tombés dans les égouts, ça ne pouvait pas être autrement...

Toi non plus, je te signale !

Suite à cela, il s'en alla pour rejoindre sa chambre. Bon, ce n'était pas tout ça mais je n'avais que deux heures pour nettoyer toute cette saleté ! Je me rendis donc à la salle-de-bain et ôtai bien vite ces vêtements que je jetai effectivement dans la poubelle, espérant les voir disparaître au plus vite. Un petit coup d'œil dans le miroir me permit de voir pour la première fois la morsure qu'il m'avait faite. Elle était encore rouge, même si la plaie s'était déjà refermée. Rien que de la regarder de cette façon me faisait mal... Je détournai donc bien vite les yeux pour aller prendre ma douche !

Il me fallut un temps fou pour me débarasser du sang qui avait sècher sur ma peau. C'était vraiment une saleté parfois, on oubliait vite ce détail lorsqu'on le trouvait aussi délicieux. Bref après ce décrassage en régle, je sortis de la douche et passais un coup de peigne dans mes cheveux. Ils avaient retrouver leur teinte grise maintenant que la poussière avait disparu dans le siphon et c'était bien mieux comme ça.

La phase suivante de mon plan pour ces deux heures en solitaire était de me trouver une tenue. Je passais donc dans la chambre et tirais ma valise de sous le lit. Je farfouillais un peu dedans et sortis une chemise propre - blanche bien entendu - ainsi qu'un pantalon classique et un pull à col en "V", j'avais envie de sentir la douceur du cachemire aujourd'hui. Je terminais de m'essuyer rapidement et enfilais mes vêtements les un après les autres. Lorsque je fus prêt, je me sentis réellement bien. C'était un plaisir d'observer mon reflet bien habillé dans le miroir.

Sur le petit secrétaire, où se trouvait le téléphone et les documents concernant l'hôtel, je trouvais le menu du room-service. C'était une invention fabuleuse à mon humble avis! Je feuilletais la carte et mémorisais chacun des desserts qui me semblait intéressant. A la fin, cela me donna une jolie petite liste - en tout seize plats - que je m'empressais de dicter à la réceptioniste au bigophone. Elle sembla s'armer de courage pour tout noter et fit un effort surhumain pour ne pas me demander si j'étais fou. Je sais ce n'était pas bien de fouiller l'esprit d'une dame mais c'était bien trop amusant.

A treize heures tapante, je me tenais assis sur mon lit - un livre vaguement intéressant dans les mains - en attendant l'arrivée d'Esmée. Soudainement, je me levais et balancais le livre sur les draps froisés pour aller ouvrir la porte. Sa délicieuse odeur m'avait indiquer qu'elle était sur le point de se présenter alors j'avais préférer prendre les devants.

- Enfin te voilà... dis-je en l'enlaçant.

Il me fallut un certain temps pour enlever toute cette crasse, mais au final je réussis à sortir de la douche propre comme un sous neuf. Ca faisait vraiment un bien fou, je me sentais au septième ciel ! Mes cheveux étaient bien propres eux aussi et avaient retrouvé leur belle couleur. En plus, ils sentaient bon mon shampoing, ce qui était tout de même plus agréable que le sang et l'eau sale.

Je me choisis une robe bien plus élégante et confortable que celle qui trainait au fond de la poubelle. Et avec ça, des chaussures qui ne faisaient pas mal aux pieds ! Je me sentais vraiment mieux.
Je me coiffai convenablement et appliquai un pansement sur la morsure pour la faire disparaître. Mais je n'avais emporté que des vêtements plutôt légers en prévision de la chaleur, et il était donc visible malgré moi.

Lorsque je fus prête, je regardai l'heure : treize heure ! Si je ne me dépêchais pas, il commencerait tout seul, comme il me l'avait promis ! Je sortis donc en vitesse de ma chambre et rejoignis la sienne. Avant que je n'aie le temps de frapper à la porte, il l'avait déjà ouverte et m'enlaçait dans ses bras.

Oui, je suis là. Je n'ai pas vu l'heure passer, je suis désolée d'être en retard.

En effet, j'avais un retard de deux minutes, ce qui était certainement impardonnable ! J'étais presque certaine qu'il avait déjà commencé.

- Tu as de la chance, ma montre retarde de deux minutes...

Oui je sais, c'était pas beau de mentir mais je n'allais quand même pas lui dire que je ne comptais pas commencer sans elle parce que ce n'était pas marrant de dévorer des gâteaux si elle n'était pas présente. Enfin, je la lâchais et la fis entrer. On ne pouvait pas dire que rester dans le couloir était très confortable et puis une montagne de délice nous attendait à l'intérieur!

- Tous est là, il y a en tout seize plats dont la recette comprend du chocolat. Ce sera assez tu crois?

Sincèrement je n'étais qu'à moitié sérieux. Au fond de moi, je me demandais si nous aurions suffisement de pâtisserie pour tenir la journée. Ca devait sûrement être l'expression "avoir les yeux plus grand que le ventre"...

- La dame qu'on a vu tout à l'heure m'a carrément prit pour un fou. Mais c'est pas grave j'assume mon envie de chocolat! Et puis, nous sommes dans un pays étranger tanpis si je traîne ici une réputation d'affamé.

Je m'installais sur le lit, laissant bien sûr une place pour Esmée, et observais le chariot à dessert. Je ne savais vraiment pas par quoi commencer, c'était un bien cruel dilemne! Je décidais donc de lui demander son avis, peut-être qu'elle serait attirer par quelque chose de bien précis.

- Alors on ouvre le bal avec quoi?

C'est gentil de dire ça.

Je lui souris et entrai dans la chambre, y découvrant le fameux chariot rempli de dessert au chocolat. Il me précisa qu'il y avait seize plats différents, ce qui n'était pas mal. Hummm tout ça sentait drôlement bon !
J'allai m'asseoir à côté de lui et l'écoutai, n'osant pour le moment qu'apprécier la beauté de la montagne sans vraiment vouloir y toucher, tellement c'était beau !

Le meilleur dans l'histoire, c'est que je ne suis pas remise en cause. C'est toi qui as commandé et qui a ouvert la porte, personne ne sait que tu vas partager !

Je lui lançai un regard espiègle avant qu'il ne me demande par quoi commencer. Sans hésiter, je me saisis du fondant au chocolat et en coupai un bout avec la petite fourchette. Je l'enfournai aussitôt et le savourai en allant même jusqu'à fermer les yeux. Ca faisait longtemps que je n'en avais plus mangé

Ce qu'elle disait me paraissait tout à fait correct! Le pire c'est que mon brillantisime esprit - très drôle - n'avait pas penser à ce petit détail technique qui au fond pouvait avoir une très grande importance. En clair, je m'en fichais comme de la première couche-culotte de Voltaire. Deux personnes sur un groupe de trente travailleurs, ce n'était pas encore grand chose. Enfin, sauf si on prenait en compte le fait que les réceptionistes ça parlent beaucoup, surtout des petits potins qui se dérouilaient à l'hôtel.

Mais je pensais, je pensais et pendant tout ce temps, il y en avait une qui - justement! - ne perdait pas de temps. Elle s'était déjà attaquer à un pur délice: un fondant au chocolat! Je m'emparais à mon tour d'une fourchette et piquais dans son morceau de gâteau pour goûter. Il ne fallait pas croire qu'elle allait tranquillement se le garder.

- Je vois des papillons... Des jolis petits papillons qui volent dans la lumière... dis-je complètement shooter par le chocolat.

Pour la petite explication, avec les champignons hallucinogènes ont voit des éléphants roses mais avec le chocolat c'était des papillons, voir des milliers d'étoiles étincellantes qui brouilliaient la vue.

Je le laissai piquer un bout dans mon morceau et j'en repris un à mon tour. Il était délicieux. Et à en croire son expression, il pensait la même chose que moi. Ce qu'il dit me fit rire : on aurait dit un drogué !

Mince, le chocolat doit être empoisonné pour que tu en viennes à dire de telles choses... Tant pis, alors je me sacrifie pour te sauver la vie et je mange...

Je déposai l'assiette de fondant sur le plateau et pris un cookie fait maison avec de grosses pépites de chocolat. J'en croquai un bout avant de reprendre - pas la bouche pleine, je vous rassure !

... ça ! Et en plus, tu ne peux pas me le piquer avec ta fourchette riquiqui !

Je lui aurais tiré la langue si je n'avais pas préféré reprendre un morceau de cookie tout frai.

Quelle bonne excuse pour se faire une part supplémentaire! Je l'observais quelques instants et piquais dans un merveilleux pour en savouer le goût. Hum ce n'était pas mauvais mais il n'y avait décement pas assez de chocolat!

- Oh non, je ne peux te laisser faire un tel sacrifice!

Miaam il avait l'air bon son cookie. Au lieu de jouer les vilains voleurs une nouvelle fois, je m'emparais d'un autre biscuit qui se trouvait dans la corbeille et le portais à mes lèvres. C'était vraiment un délice, il fallait que nous ramenions le cuisinier chez nous! Je décidais d'en parler tout de suite à Esmée. D'abord parce qu'elle avait le droit de savoir et aussi parce que je ne voulais pas continuer à glousser tout seul pour rien.

- Je viens de penser que nous devrions enlever le cuisinier pour le faire travailler à la maison! Tu imagines tout le jour un traîtement au chocolat... Cela fait rêver!

Il ne crut pas en mon histoire de sacrifice et il goûta plutôt un merveilleux qui paraissait délicieux. Ensuite, il prit un autre cookie et le mangea avant de commencer à pouffer de rire tout seul. J'avais envie de rire avec alors que je n'en connaissais même pas la raison. Un instant, je crus que j'avais du chocolat sur le bout du nez ou quelque chose comme ça, mais je me raisonnai bien vite : ce n'était décemment pas possible avec un cookie. Ensuite, je pensai à une diversion de sa part, et je pris donc la mousse au chocolat pour la goûter à son tour.

Il m'annonça enfin la raison de son fou rire, et je le suivis bientôt, mais me dis que je ne devais pas lui laisser de faux-espoirs pareils.

Ne crois-tu pas que si nous en mangeons tous les jours, nous en aurons marre ?! Et il n'aura plus le même goût, il deviendra banal, ordinaire, et nous n'en voudrons plus...